ARBRES FRUITIERS
La Toilette d’Hiver
C'est en ces mois d'hiver que les parasites de vos pommiers
et poiriers sont les plus faciles à piéger endormi par le froid sous les
mousses, les lichens et l’écorce, il ne vous reste plus qu’à les cueillir.
En ce mois de février, les traitements d'hiver des arbres fruitiers reviennent traditionnellement au calendrier. Après une époque où on leur conférait des vertus quasi universelles, voici que beaucoup de jardiniers, amateurs comme professionnels, discutent leur efficacité. Que faut-il penser de ce revirement ? En quoi consiste exactement ces traitements et quel est leur rôle réel ?
Une destruction radicale des
parasites
Les traitements d’hiver consistent en des pulvérisations,
à base de produits huileux, dont le principal but est de nettoyer les
troncs et les principales branches des arbres à feuilles caduques (arbres
fruitiers en particulier). Le résultat obtenu est double : les vieilles écorces
couvertes de mousses et de lichens vont tomber et, sous celles-ci, les
insectes, jusque-là camouflés, sont débusqués et détruits.
Tout ceci serait idéal si les produits ne supprimaient pas
également tous les insectes utiles qui, eux aussi, hivernent sous les écorces. Si,
par la suite, les pucerons se manifestent, leur invasion aura des conséquences
d'autant plus graves qu'il n'y aura pas à demeure de braves coccinelles sur le
pied de guerre … De plus, ces traitements sont pratiquement sans action
sur les champignons parasites qui causent de graves maladies (les germes de
tavelure en particulier).
Pour cette raison, il faut compléter ce traitement à base de
produits huileux par des pulvérisations à base de bouillie bordelaise,
ces applications devant être effectués à l'automne, au moment de la chute des
feuilles.
La bonne époque : la mi-février
Tout ceci vous explique que les traitements divers ne sont
pas une panacée. Il reste malgré tout un cas où ils sont irremplaçables : celui
de vieux arbres négligés, aux troncs crevassés, souvent couverts de
mousses. Une bonne pulvérisation les métamorphosera et vous verrez alors leurs écorces
redevenir bien saines et bien lisses. C'est la première phase de toute remise
en état.
Quand faut-il traiter pour obtenir le maximum d'efficacité ?
Expérience faite, nous pensons que la période précédant juste le
débourrement (c'est à dire le moment ou les jeunes feuilles apparaissent) est
la plus favorable. En effet, les parasites commencent alors à se réveiller de
leur engourdissement et sont beaucoup plus sensibles à l'action du traitement.
De plus, à cette époque (qui correspond généralement à la mi-février), on
trouve souvent quelques belles journées particulièrement propices pour
effectuer ce traitement. Vous pouvez parfaitement vous contenter de le faire
une année sur deux.
Recommandé : un grattage préalable
Comme pour l'application d'une peinture, la préparation du
support (ici l’écorce), est très importante. Votre traitement sera d’autant
plus efficace que vous aurez préalablement élaguer vos arbres pour supprimer
les branches mortes et gratter grossièrement leur tronc de façon à décrocher
les plaques d'écorces à demi décollées sous lesquelles le liquide aurait du mal
à s'infiltrer. Pour le reste des opérations, reportez-vous au dessin ci-contre
qui, mieux qu’un long discours, vous expliqueront la bonne marche à suivre. Et
n'oubliez pas de vous vêtir de vieux vêtements qui vous protègerons des tâches.
Que penser du blanchiment à la chaux ?
Autrefois, il était courant de badigeonner à la chaux les troncs des arbres fruitiers jusqu'au départ des grosses branches. Aujourd'hui
encore ce traitement a des adeptes. Que faut-il penser de son efficacité ? Pour
être franc, nous dirons que son crédit est lié avant tout à l'idée que l'on se
fait de sa blancheur « purifiante ». Donnant aux arbres fruitiers un
aspect bien net, il laisse accroire que l'arbre tout entier a été débarrassé de
ses parasites, ce qui bien sûr, n'est qu'une apparence.
« Huiles blanches » et « Huiles
jaunes »
On trouve dans le commerce des produits à base soit d'huiles
jaunes, soit d’huiles blanches. Les
premiers, souvent appelés « traitements d’hiver », sont ceux dont il
est question ici. Les seconds, quelquefois appelés « anti-cochenilles »
peuvent vous servir en cette saison pour nettoyer vos arbres et arbustes persistants
comme les camélias , les rhododendrons ou les conifères qu'ils débarrassent des
mousses et des cochenilles. Nous vous rappelons à ce propos que les traitements
à base d'huiles jaunes sont trop fort pour être pulvérisés sur des feuilles
vertes. Attention donc si vous possédez des arbustes persistants à proximité de
vos arbres fruitiers. De même, il n'est pas conseillé de traiter les arbres
nouvellement plantés dont l’écorce est encore fragile.
1
Si vous n'avez pas de pulvérisateur, vous pouvez utiliser un
pinceau pour appliquer le produit. Mais que ce soit pour aller plus vite ou
pour traiter des grands arbres, un pulvérisateur est indispensable. Réglez-le
sur une pression faible pour qu'il ne fasse pas de brouillard : c'est plus
pratique.
Avant de traiter, nettoyez grossièrement vos arbres s'ils
sont envahis de mousses. Utilisez soit un râteau soit une brosse métallique,
soit un grattoir spécial permettant de nettoyer les endroits d’accès difficiles.
2
Pour ne pas risquer d’encrasser votre pulvérisateur,
n'oubliez pas de bien le nettoyer après usage. Comme les produits huileux
utilisés pour les traitements d’hiver adhèrent très fortement, vous avez tout
intérêt à l'eau de lavage un peu de lessive liquide et à rincer ensuite
plusieurs fois à l'eau pure.
IMPORTANT : Pour
effectuer ces traitements, mettez des gants. DEUX raisons à cela : d'une part ces produits
sont dangereux - évitez en particulier les projections sur les yeux - d'autre
part ils sont extrêmement salissants, plus encore que la brou de noix ! Sans
oublier qu'ils ont une odeur très tenace.
Arbres à racines nues : de
l'achat à la plantation
C'est à partir du mois de novembre que s'ouvre la saison de
plantations des arbres et arbustes vendus à racines nues. Sensiblement moins
coûteux que ceux vendu en conteneur, plus faciles et légers à manipuler, ils
ont aussi, souvent, l'avantage de reprendre mieux et nettement plus vite.
Novembre, sous nos climats, est le bon mois pour arracher et
transplanter les arbres et les arbustes à feuillage caduc, ceux à feuillage
persistant devant être plantés soit plus tôt, soit au printemps suivant. La
sève est descendue, les feuilles, après avoir pris leurs teintes d'automne, se
sont détachées. Mais n'allez pas croire pour autant que la plante soit devenue
un objet inerte : la partie aérienne est en sommeil, état que la nature a voulu
pour la protéger du froid hivernal. Mais la partie souterraine elle, reste en
activité. Excepté lorsque le sol est gelé, les racines continuent de se
développer et sont toujours sensibles au dérangement.
Acheter des arbres et des arbustes à racines nues implique
donc de prendre quelques précautions. Elles sont le lot aussi bien d'ailleurs
du vendeur que de l'acheteur. Tous les bons fournisseurs prennent les leurs. À vous de
connaître celles qui vous incombent.
Quelles plantes trouverez-vous à acheter à racines nues, donc
sans le poids de l'encombrement de la terre qui entoure la Motte de racines ?
Pour les arbres, ce seront des sujets qui ne dépassent
pas en général, une certaine force (indiquée par des nombres tels que par
exemple 18 -20, ce symbole signifiant que le plant, à un mètre du sol, a une circonférence
de 18-20 cm ; notez qu’au-delà de cette grosseur, ils sont presque toujours
vendus en mottes ou en bac). Les arbustes, quant à eux sont vendus
indifféremment à racines nues ou en conteneur. Les avantages des plants à
racines nues sont nombreux. Nous avons déjà parlé du poids et de l'encombrement,
nettement moindre puisque la plante est livrée sans la terre qui entoure sa
Motte. Mais il y a aussi son prix qui est très sensiblement inférieur (parfois
de plus de la moitié) à celui des mêmes plantes vendues en conteneur. C'est deux
avantages ont de quoi séduire les amateurs que nous sommes. Ne vous imaginez
surtout pas que la reprise des plants à racines nues soit plus aléatoire,
l'expérience prouve, au contraire, qu'elle est au moins aussi bonne que celle
des mêmes végétaux cultivés et vendus en conteneur, à condition bien entendu,
que toutes les précautions aient été prises à l'arrachage, à la plantation
comme après la plantation.
Où acheter vos plans ?
Vous pouvez vous adresser à tous les fournisseurs habituels
de plantes : pépinières, jardineries ou Garden-Centers, auxquels nous
assimileront les magasins de ville.
Mais quels sont les avantages respectifs de ces formules ?
Vous connaissez déjà (ou pouvez facilement trouver) une pépinière
non loin de votre jardin. Vous pourrez y voir les plantes en période de
végétation et même choisir les sujets importants, qui seront arrachés en
fonction de la date où vous en prendrez livraison. Toutefois, une pépinière ne
peut offrir qu'un choix de variétés limité. Ce qui ne sera pas le cas de la
jardinerie, dont la gamme de plantes offertes est, en général, beaucoup plus
importante.
Les plans y auront déjà subi arrachage, transport et
entreposage, ce qui (à moins, bien entendu, que les précautions nécessaires
n'aient pas été prises), constitue pour l'acheteur une simplification notable.
Vous pouvez aussi, ce que nombre de nos lecteurs effectuent
très couramment, avoir commandé vos plans sur catalogue.
Partez du bon pied
Si vous choisissez votre plan sur pied, dans une pépinière,
veillez à ne pas prendre le sujet le plus haut de sa rangée ou de sa série (le
bois issu d'une croissance excessive peut n'avoir pas eu le temps de mûrir).
Choisissez plutôt un pied de taille moyenne, au port équilibré et au bois bien
formé. Si vous vous trouvez devant des plans déjà arrachés, présentés en jauge
dans des bacs de sable ou de tourbe humide, voici quelques « trucs »
de professionnels qui vous aideront à choisir les bons sujets :
-
Les
racines : elles doivent être nombreuses, bien réparties et posséder des
radicelles (le chevelu). Ne vous contentez pas de 2 ou 3 racines longues et
malingres. Choisissez, parmi tous les sujets d'une même espèce, celui qui possède
le système racinaire le plus fourni.
L'état des racines est aussi très important. Si elles se dessèchent, elles
prennent un aspect ridé caractéristiques et les radicelles se présentent alors
comme des petits filaments secs et friables. Ne choisissez pas le plant
possédant de telles racines et évitez aussi les racines endommagées lors de
l'arrachage (tordues, déchirées, écrasées) car vous serez obligés de les
sectionner au-dessus de ces blessures, ce qui réduira d'autant le volume du
système racinaire. À vous d'estimer, une fois terminé ce nettoyage obligatoire,
ce qui restera du volume total des racines épargnées et de décider s'il est ou
non suffisant.
Autre examen indispensable : celui des éventuelles traces de
moisissures. Elle se présentent comme des plaques cotonneuses ou des filaments
blanchâtres et leur présence est toujours un très mauvais signe.
-
La greffe :
sur toutes les espèces ou formes greffées, veillez à ce que la greffe soit bien
soudée et qu'il n'y ait pas de crevasse entre le porte-greffe et le
greffon car celle-ci constituerait une porte d'entrée aux maladies ou aux
parasites.
- La partie aérienne : vous devez toujours tenir compte de sa conformation et de son état.
La forme est particulièrement importante chez tous les
arbres fruitiers qui doivent respecter un dessin déterminé (palmettes, cordons,
espaliers, etc.) mais elle est aussi chez tous les arbres de plein vent, qu'ils
soient fruitiers ou ornementaux. Outre le respect des normes (circonférence
mesurée à 1 m du sol hauteur du tronc
sous la tête…), il vous appartiendra d'apprécier l'équilibre, la régularité de
la tête. Là encore, vous gagnerez à vous faire montrer le plus grand nombre
possible de sujets avant d’arrêter votre choix.
L'état du bois est aussi une donnée qui a son importance lors du choix
d'une plante à racines nues. Contrôlez l'absence de plaies, de meurtrissures faites
à l'arrachage ou au transport, de mousses, de lichens (ou simplement de tâches
verdâtres) et, bien entendu, de chancres qui sont le symptôme révélateur de
plants peu soignés issus de pépinières mal tenues. Refusez aussi les plants aux
branches ridées et veillez à l'absence de parasites.
A lire toutes ces recommandations, vous estimerez peut être
que la liste en est un peu longue et que l'achat d'un plan requiert la
compétence, le soin et l'œil du spécialiste. Rassurez-vous : si, pour avoir
voulu énumérer ici tous les défauts qu'une plante peut présenter notre discours vous a paru rebutant, dans la
pratique les choses sont heureusement plus simples. En vous adressant à une
pépinière sérieuse, vous avez de grandes chances de bien tomber - ou de ne
rencontrer de problèmes que de manière très accidentelle.
Quelques conseils après l'achat
Avant de planter, il vous reste quelques précautions à
prendre. D'abord, faites attention au transport de vos plans : si en voiture
vous les faites voyager à découvert (ou dépassants de votre coffre), enveloppez-les
soigneusement, plus particulièrement les racines que vous entourerez si
possible de mousse, de frise de bois, ou, ce qui est à la fois plus efficace
encore et plus simple, de papier journal humide.
Si vous ne plantez pas dès votre arrivée (ou un jour ou deux
après), mettez les pieds en jauge dans une tranchée, les racines étant bien
recouvertes. Arrosez s’il fait sec ou si vos plants doivent attendre plus d'une
semaine. S’il gèle, entreposez vos plants dans un local à l'abri du gel (cave,
grange) ... mais surtout non chauffé. Faites de même si vous recevez une
expédition de plants. Mais si les pieds vous arrivent gelés, entreposez-les à
l'extérieur, en exposition nord et recouvrez -es de paille ou de toile de sac :
il est en effet indispensable que le dégel s'effectue lentement.
Enfin, si vos plants arrivent ridés, plonger les racines 2 ou
3h dans de l'eau froide avant de mettre les pieds en jauge ou de les planter.
Il ne vous reste plus ensuite qu’à « habiller » les
racines et les parties aériennes et en entreprendre les plantations proprement
dites.
ASTUCES :
Les arbres transplantés sont de qualité supérieure. Ils
développent en effet une quantité de radicelles, garantes d'une reprise vigoureuse.
Lors du choix de votre arbre, veillez bien à ce qu'il
présente, une touffe serrée de racine. Certaines espèces cependant (des
catalpas, par exemple (développent habituellement peu de racines).
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